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Les Effets

La construction d’une illusion collective

Moins on possède d’actifs, plus on est attractif. Telle est la nouvelle devise des entreprises qui souhaient être flexibles, agiles et scalables. L’immatériel est la nouvelle utopie postindustrielle : en un mot, il faut dématérialiser.

Car, en inventant un monde immatériel, on invente dans le même temps un nouveau gisement « infini » de croissance. A l’heure où nous réalisons que nos ressources de sont pas infinies, ce serait dommage de s’en passer ?

Le numérique fait bien sûr partie de notre avenir. Il ne s’agit pas ici d’une charge technophobe ou techno-sceptique. Ce c’est d’ailleurs pas le numérique qui pose problème. C’est le mythe qui nous est raconté à son sujet qui devient problématique dès lors qu’il avantage une minorité d’acteurs pour le seul motif du profit, et qu’il passe sous silence certaines conséquences qui vont à l’encontre du bien commun. Moins d’actif, cela veut aussi dire moins d’ancrage dans le territoire, moins de responsabilité, et moins d’intérêt à contribuer à l’espace bien matériel dans lequel nous vivons !

Puisque la question de la dématérialisation des supports est dans tous les agendas des entreprises, nous devons deconstruire les mécanismes du “mirage” numérique. Il est temps de nous interroger sur les effets que nous souhatons produire en communiquant, au lieu de nous jeter sur les moyens de communiquer !

La construction d’une illusion collective

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Marshall MacLuhan

Le livre enquête

Le 20 décembre 2017, la Cour de Justice de l’UE arbitre : Uber est bien une entreprise de transport, pas seulement une app de mise en relation. Cet affrontement juridique révèle le fantasme qui anime toute la nouvelle économie, celle d’un capitalisme immatériel, hors-sol. Pour être toujours plus attractif et séduire l’actionnaire, il suffirait d’avoir de moins en moins d’actifs. Être flexible, agile... Bref, se détacher le plus possible des conditions matérielles.

La digitalisation et ses usages sécrètent des mythes technologiques et philosophiques puissants. Le sociologue Anthony Mahé s’emploie à décortiquer celui de la dématérialisation qui effacerait l’être humain.

Qu’on se le dise ! L’activité humaine n’est pas virtuelle ! Les plateformes numériques d’e-commerce ont bel et bien les pieds dans la glaise ! Il n’y a pas de virtuel sans matériel, pas d’internet sans ordinateur, pas de réseaux sociaux sans smartphone. Alors, si la dématérialisation n’a pas eu lieu comme le démontre cet essai documenté et stimulant, à qui profite le « crime » ?

L’auteur. Anthony Mahé, Ph.D est sociologue, Directeur de la Connaissance au cabinet de conseil Eranos et enseignant dans des écoles de design (l’ENSCI, Creapole). Se réclamant de la tradition de la sociologie de l’imaginaire, il signe son premier essai. Parution : début 2021

Le livre enquête